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Pourquoi tout le monde pense savoir faire un logo ?

  • Photo du rédacteur: Staccato
    Staccato
  • 21 mai
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 22 mai

 


Extrait du logo Parcs Nationaux de France


Quand une refonte fait débat

 

Il y a quelques jours, une graphiste a publié sur LinkedIn une proposition de relecture du logo des Parcs Nationaux de France. Une intention sans doute sincère : montrer son travail, attirer l’attention, proposer une alternative. Rien de mal en soi. Aujourd’hui, tout le monde est spectateur des identités graphiques. Tout le monde a un avis. Tout le monde ressent, analyse, décrypte... et juge. En soit, c’est une richesse : le design est visible, donc vivant. Mais il y a une ligne qui se floute de plus en plus : celle entre l’opinion et l’expertise.

 


Quand tout le monde regarde, mais que plus personne n’écoute : petite déroute graphique

 

Dans ce fil, comme dans tant d’autres, une personne (sans méchanceté, mais sans maîtrise notable non plus ) dézingue un logo conçu par un designer de renom. La collection de commentaires vaut à elle seule la lecture. Ce logo, bien que perfectible comme tout travail humain, a été pensé, débattu, affiné. Il est le fruit d’une démarche professionnelle, d’une culture visuelle, d’un métier. Il ne s’agit pas de défendre une chapelle ou de refuser la critique. Mais à l’heure où chacun peut « valider » ou « invalider » un travail graphique, nous voyons trop souvent la compétence mise sur le même plan que l’intuition, et l'expérience égalée par la simple impression.

 

« La démocratie arrivera à un point où les ignorants auront plus de pouvoir que les savants, et où pour ne pas les offenser, les savants devront se taire » On ne sait plus très bien qui a dit ça mais on y est.

 


Tout le monde regarde, tout le monde juge

 

Cela résonne douloureusement avec ce que nous vivons parfois. Quand il s’agit d’associer un public large à une démarche graphique (élus, salariés, usagers…) il arrive que la parole du professionnel soit noyée dans un concert de ressentis individuels, sincères mais souvent déconnectés du fond du travail engagé.

 

Le design graphique, comme toute discipline, repose sur des codes, des équilibres, une culture, des choix assumés. Et s’il est indispensable de faire dialoguer les publics avec les marques, il l’est tout autant de reconnaître la valeur du savoir-faire. La compétence ne devrait pas devenir invisible sous prétexte d’ouverture.

 

Ce que cet épisode illustre, c’est qu’il est urgent de réhabiliter la place des "sachants" dans les projets de communication. Non pour imposer, mais pour éclairer. Non pour verrouiller, mais pour construire. Et rappeler qu’un bon logo, ce n’est pas seulement un dessin qu’on aime ou pas. C’est une idée, une stratégie, un usage, une cohérence.

 

Voici une sélection de livres accessibles, intelligents et bien écrits pour celles et ceux qui souhaitent affiner leur regard sur le design graphique et formuler des critiques pertinentes sans être graphistes professionnels :

 

 

Conseils de lecture pour une critique graphique éclairée

 

1. "Logo. Design et histoire" – Jens Müller (Taschen)

Un voyage visuel dans l’histoire du logo, depuis le début du XXe siècle. Chaque visuel est replacé dans son contexte historique, économique et esthétique. Idéal pour comprendre que derrière un logo, il y a toujours une époque et une logique.

 

2. "Design : introduction à l’histoire d’une discipline" – Catherine de Smet (Éditions Pyramyd)

Une excellente entrée en matière pour comprendre l’évolution du design graphique, les figures marquantes (de Paul Rand à Neville Brody), et les grands courants. Accessible sans être simpliste.


3. "Critique du design graphique" – Étienne Robial & Michel Wlassikoff (Éditions B42)

Un livre de référence pour comprendre comment évaluer un travail graphique avec méthode. Le vocabulaire technique est expliqué, et les cas analysés éclairent vraiment le jugement critique.

 

4. "L’art sans le savoir" – Pierre-Damien Huyghe (Éditions de Minuit)

Un essai plus philosophique mais très stimulant pour comprendre ce que signifie “regarder une image” avec du recul, et ne pas confondre goût personnel et compréhension structurée.

 

5. "Design, les formes de l’utile" – Alice Rawsthorn (Actes Sud / Centre Pompidou)

Une approche grand public mais très bien documentée sur le rôle du design dans la société. Pour comprendre pourquoi “j’aime” ou “je n’aime pas” ne suffit pas toujours.

 

6. "Le design graphique en 100 mots-clés" – Michel Wlassikoff (Éditions du Cavalier Bleu)

Petit ouvrage rapide à lire, très utile pour acquérir un vocabulaire commun et éviter les contresens fréquents dans les discussions sur l’identité visuelle.

 

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