#6
« La guerre
de l’attention »
Si nous gardons en tête que nos communautés ont bien mieux à faire que d’écouter nos arguments, nous devrions soit nous résigner, soit rendre nos arguments intéressants à lire. Mais faut-il encore souvent d’abord franchir le premier obstacle : l’indifférence.
Conflit de valeur. Sans rentrer dans la nébuleuse des neurosciences, nous savons que malheureusement l’humain n’est pas rationnel. Nos 100 milliards de neurones chacun ne nous permettent de faire que des choix arbitraires. Bombardés de messages et de sollicitations, et comme physiologiquement nous ne sommes pas en mesure de les traiter tous, nous laissons nos « biais cognitifs » faire le travail pour nous. Modestement, nous savons que nous luttons contre l’indifférence : jouer avec les travers comportementaux est de bonne guerre...
Disruption. La neuroscience nous le confirme, nos cerveaux sont captifs de la nouveauté. Mais pas la vraie nouveauté, la nouveauté un « petit peu ». Celle qui s’immisce dans un univers connu. Un petit détail inédit dans une scène familière suffit à stimuler le fonctionnement de ses circuits. C’est pourquoi notre travail de conseil et notre travail créatif est fortement lié à la compréhension de l’univers de la cible. Nous devons créer la proximité et juste ce qu’il faut de distorsion pour attirer l’attention.
Le rôle du design. Comme les mots ont une musique, le design est la musique visuelle. Reconnaissable avant même la lecture du message, l’univers d’expression (couleur, traitement, composition, typographie) crée un lien entre l’émetteur et son public. Là est l’arme des marques ou organisations pour devenir familier. Au final, comme la curation, ce qui compte est autant qui le dit que ce qui est dit. Là encore, c’est le biais cognitif pernicieux.
Bon goût, savoir, bienveillance… La prise en compte comportementale des publics ne nous interdit pas de rester agréable